Complément d'enquête

La découverte de nouvelles sources inspire des prolongements.

I. LES STUART DE VEZINNES EN POESIE

Le Dr James Reid-Baxter, d'Edimbourg, nous signale avoir identifié grâce à nos articles les dédicataires de deux poèmes. Il s'agit de deux "emblemata", forme poétique en grande vogue aux XVIe et XVIIe siècles, où des poèmes commentent des dessins symboliques. En l'occurrence, il s'agit de l'ouvrage de Lebey de Batilly, daté de 1596. Denis Lebey de Batilly est un protestant troyen réfugié à Metz, où il côtoie les élites de son temps. Parmi les dédicataires de son ouvrage, en latin, on trouve notamment Henri III et Henri IV.

Mais James Reid-Baxter y a trouvé aussi deux poèmes dédiés à Guillaume Stuart de Vézinnes et à son beau-frère Antoine Hume de Chérisy ! Malheureusement, les dessins allégoriques ne sont pas connus. Mais on peut citer intégralement les deux petits poèmes en latin, et en donnerune traduction :

LXXXI

Amicitiae necessitutides

Ad Guiliel. Stuardum Vesineum, Nobilem Scotum.

Ut Cereris, pariter sese ipsa rotantia, pressas
        Bina simul fruges aspera saxa terunt ;
Sic nisi juncti aliis non omnia possumus omnes,
        Alterius sic res altera poscit opem.

Soit :

Nécessité de l'amitié

A Guillaume Stuart de Vézinnes, noble écossais.

De même que de Cérès tournant sur eux-mêmes,
Deux blocs de pierre rugueuse pressent et broient ensemble les fruits,
De  même si tous nous ne sommes joints à d'autres, nous ne pouvons pas tout,
De même chaque chose réclame le secours d'autrui.

Et :

LXXXII

Humanitas

Ad Antonium Humei Cherisium, Nobilum Scotum.

Dum tua cymba tibi pacata per aquora fertur,
Intenditque tuos aura secunda sinus,
Naufragio ejectis ultro succurrere disce,
Per freta jactatis neve negare manum,
Ante tuo quam te doceat fortuna periclo,
Quam tibi fit pariter nec via tuta maris.

Soit :

L'humanité

A Antoine de Hume de Chérisy, noble écossais.

Pendant que ta barque te porte sur l'onde apaisée,
Qu'une brise favorable enfle ta voile,
Apprends à secourir volontiers ceux qu'un naufrage a perdus,
Ne refuse pas ta main à ceux qui errent sur les flots
Avant qu'à tes dépens la fortune ne t'enseigne
Que pour toi de même il n'est pas de voie sûre en mer.
 

    James, merci pour cet apport qui montre la fécondité de l'auld alliance jusqu'à nos jours !

 

II. LES STUART D'AUBIGNY.

 Cet été (fin juillet  2020), nous avons comblé une lacune : nous sommes allés visiter Aubigny-sur-Nère, son château des Stuart, et dans celui-ci le "Centre d'interprétation de l'Auld Alliance."

Qu'en dire ? Du bien d'abord : il est heureux que certains se préoccupent de conserver et transmettre ce pan méconnu de l'histoire. Le "centre d'interprétation", qui n'est pas un musée, présente des reproductions nombreuses de documents précieux et de portraits des hommes et femmes qui ont fait cette histoire. Les différentes batailles où se sont illustrés les gardes écossais sont présentées et illustrées. C'est bien. Comme nous sommes un peu au courant, cela nous semble un peu court, mais nous ne doutons  pas que ce soit pédagogique et utile.

Nous avons tout de même une question et un reproche.

La question concerne l'arbre généalogique des Stuart présenté. Nous sommes bien placés pour savoir que l'exercice est difficile. Toutefois, le résultat de nos recherches diffère en deux points de ce tableau. D'une part, et c'est un point important, qui fut le cinquième Stewart d'Ecosse ? Fils de Jean (ou John, mort en 1302), et père de Walter (ou Gauthier, mort en 1326) ? Nous pensions pouvoir attribuer ce chaînon à James (ou Jacques). Or, le centre d'Aubigny l'attribue à son frère Jean (ou John).  Qui se trompe ? D'autre part, mais c'est moins grave, le prénom de la femme de Jean III de Darnley et de Lennox est-il Isabelle, comme le mentionne le centre d'Aubigny, ou Marguerite, comme nous l'avions trouvé ? On le voit, le sort du monde n'en est pas changé, mais nous aimerions être sûrs de la cohérence de notre travail.

Le reproche est de méconnaître absolument la branche des Stuart de Vézinnes, qui descend aussi de ce Jean III Stuart de Darnley et de son épouse Marguerite (ou Isabelle ?) Montgomery. Certes, ils n'ont pas le brillant des combattants de la Guerre de cent ans. Toutefois, leur rôle dans les guerres de religion est loin d'être à négliger. Le "Centre d'interprétation de l'Auld Alliance" s'honorerait de reconnaître que les Stuart ont eu d'autres attaches en France que le seul château d'Aubigny, d'autres combats que la Guerre de cent ans. Ce regrettable oubli est à lui seul une justification de nos recherches. Merci donc.

 

 

 

 

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